Colloque organisé par le Centre de recherche sur les droits de l’homme et
le droit humanitaire (CRDH – Université Panthéon-Assas) et l’Institut des
Sciences juridique et philosophique de la Sorbonne (ISJPS – CNRS / Université
Paris 1 Panthéon-Sorbonne), avec le soutien de l’Institut universitaire de France
Démocratiser l’espace-monde
Le droit de participer aux affaires publiques au niveau mondial Normes et procédures
Jeudi 20 et vendredi 21 octobre 2022
En présence et en ligne
Centre Lourcine – Salle de séminaires Bâtiment Suzanne Bastid, 2e étage
1 rue de la Glacière, Paris 13e
Ouvrage en langue anglaise écrit par le Pr. Olivier de Frouville, publié le 13 janvier 2022 par Hart Publishing / Bloomsbury, collection « French Studies in International Law », 296 pages, ISBN 9781509938520, £81.
Présentation
This book explores a democratic theory of international law. Characterised by a back-and-forth between theory and practice, it explores the question from two perspectives: a theoretical level which reflects and criticizes the categories, words and concepts through which international law is understood, and a more applied level focussing on ‘cosmopolitan building sites’ or the practical features of the law, such as the role of civil society in international organisations or reform of the UN Security Council. Though written for an academic audience, it will have a more general appeal and be of interest to all those concerned with how international governance is developing.
A titre préliminaire, je rappelle l’objectif de la recherche dont j’essaye ici de rendre compte : il s’agit de manière générale de s’intéresser aux relations complexes entre cosmopolitisme et droit naturel et, plus spécifiquement, de s’interroger sur l’impact possible de l’Anthropocène sur ce que l’on pourrait appeler le « programme moderne du cosmopolitisme ». En quoi est-ce que l’Anthropocène nous amène nécessairement à reformuler le cosmopolitisme ?
Je vais essayer de me concentrer sur quelques points clés qui n’ont pas été abordés dans la vidéo et pour ce faire je vais concentrer l’essentiel de mon propos sur les deux dernières parties de mon exposé : premièrement, en quoi est-ce que l’Anthropocène remet en cause le cosmopolitisme tel qu’il a été conçu par la philosophie moderne, et en particulier par Kant ? Deuxièmement, quelles sont les pistes de reformulation ?
Mais au préalable je vais tout de même rappeler rapidement, en guise d’introduction, le point de départ de la démonstration, ce qui m’oblige évidemment à simplifier à l’excès des questions excessivement compliquées.
Avant cela trois précisions, la première sur le vocabulaire, la deuxième sur les concepts et la terminologie, la troisième sur le champ d’étude. Sur le vocabulaire dans cette d’étude j’utilise le terme de « naturel » pour désigner tous les vivants sur la Terre, en reprenant un sens un peu ancien de ce mot – « vieilli ou plaisant » selon le dictionnaire de l’Académie française – à savoir la personne « qui est originaire du pays, de la région où elle vit. Les naturels de la contrée, de cette contrée. » Les « naturels » de la Terre, ce sont tous les vivants qui peuplent la Terre, inclus l’être humain1.
Pour ce qui est du champ de recherche, je ne traiterai ici que du rapport entre cosmopolitisme et Anthropocène – et donc du problème qui résulte de l’intervention de l’être humain par la technique dans la biosphère – mais ce faisant je laisse de côté la problématique de l’intervention de l’être humain sur sa propre nature, pour créer une techno-nature à partir de lui-même – et donc je ne traite pas des problématiques liées à la bioéthique ou au transhumanisme, qui me paraissent poser des questions distinctes.