Le 12ème colloque international du C.R.D.H. a été l’occasion de poursuivre une réflexion amorcée dans une contribution aux Mélanges en l’honneur d’Emmanuel Decaux sur les critiques adressées à la dimension cosmopolitique du droit international contemporain, et singulièrement aux droits de l’homme.
Une «théorie démocratique du droit international» ne peut plus, à l’heure du retour des populismes en Europe et dans le monde, se borner à proposer une nouvelle grille de lecture de l’évolution du droit international contemporain. Elle se doit aussi d’adopter une posture défensive, face aux attaques menées au nom de la souveraineté et de l’identité nationale. Il s’agit de produire un discours critique de défense du cosmopolitisme et des droits de l’homme.
Un discours de défense critique :
– ne considère pas que les cultures sont incommensurables les unes aux autres et que par conséquent un principe formulé abstraitement mais mis en œuvre en contexte soit voué à ne pas avoir de conséquence pratique ;
– estime sur cette base qu’il existe une possibilité de communicabilité universelle et que l’universalité peut avoir un contenu concret et réel, et n’est pas nécessairement le mode selon lequel une expérience particulière cherche à s’imposer aux autres ;
– que les droits de l’homme ont précisément pour vertu de créer les conditions de possibilité d’une discussion de nature à faire émerger des conceptions et des compréhensions universelles, parce que les droits de l’homme exigent de chacun de sortir de son attitude solipsiste naturelle pour rentrer dans un rapport de type dialogique avec l’autre.
– que les droits de l’homme, loin de favoriser l’individualisme, ont la possibilité, par le biais de leur mécanique complexe d’équilibre entre différents intérêts concurrents, de renforcer l’insertion de l’individu dans le jeu social ;
– qu’il n’y a pas d’alternative, pour permettre à l’être humain de sortir de son état de tutelle, que de reconnaître à chaque personne une autonomie, laquelle ne peut pas se traduire autrement sur le plan juridique que par des droits subjectifs justiciables.
– que la critique ne peut s’alimenter que par une connaissance fine du terrain, c’est à dire de la réalité de la mise en œuvre des droits de l’homme dans des contextes à chaque fois différents ; sur ce plan, une telle approche reconnaît la complexité post-moderne et l’inanité des grands récits, sans pour autant rejeter la pertinence d’un idéal régulateur.